Ah le père, cette figure si importante, essentielle à sa propre construction, au travers, notamment, du
langage. J’ai fait les frais de cette absence, et malgré mes cinquante ans, je suis toujours et encore dans
cette attente. Je demeure dans l’expectative, vois-tu. J’aimerais parler à mon père ! Simplement lui dire
ces choses de petite fille que lui seul pourrait comprendre. Tu me prenais sur tes genoux… il est ou ce
temps perdu ? J’aimerais avoir un signe de lui. Depuis ces années de silence je traverse des terres
dévastées, par l’ennui, par le manque etc. Je me rappelle très bien tes derniers mot à mon égard : on n’a
plus rien à se dire. Certains y verront de la rancœur. Non ! Juste le simple constat des dégâts engendrés
par ce manque. Est-il seulement envisageable de vivre sans père ? Un regard. Un mot. Un geste. C’est
anodin mais tellement précieux. Inestimable cadeau. Je sais ce que tu m’as fait. A peine, avais-je quatre
mois, que tu tenais au dessus du vide, au 4eme étage, le couffin dans lequel je dormais. Je sais aussi
que tu es dans la totale incapacité de faire face, de tenir ton rôle de père aimant et protecteur. Et oui,
c’est cela un père. Qualités que par ailleurs je recherche chez les hommes. que j’aime. Je ne peux me
résoudre à l’idée que tu ne m’aimes pas. Tu disais bien que je n’étais pas ta fille. Malgré tout ce que nous
avons en commun toi e t moi, dans nos goûts, nos traits de caractère. Je ne veux pas croire que tu m’as
oublié. Mise entre parenthèse. Je m’aperçois que ton absence est plus puissante que ne l’était ta simple
présence. Je garde l’espoir de te revoir.