Je n’oublierais jamais ces premiers mots. C’est avec L’Amant en 1984 que j’ai découvert Marguerite DURAS – MD. Je suis alors une jeune fille, en première L, au lycée Camille Sée, et je passe les épreuves de français au mois de juin. Je lis ces mots. Je reçois un choc. Une gifle. De celle qu’on n’oublie pas. Jamais ! Je découvre cette sensation étrange de connaitre, d’être en terrain connu, amical. Tout m’attire. Tout y est, le Viet Nam, la chaleur, l’amant.. tout participe de cet amour-là. Ses mots expriment ce que je sens, je ressens et que je sais. Elle c’est moi. Moi c’est elle. Au delà de la différence d’âge, c’est un désir similaire, c’est un plaisir identique. Elle ne joue pas Duras ! Elle ne fait pas semblant ! Elle est la femme. Elle a remis en question la suprématie masculine en imposant sa propre syntaxe, en partageant son intimité vraie ou inventée, peu importe !! Elle est le visage de toutes les femmes, et toutes les femmes ont son visage…détruit dit-elle ! Cette destruction toutes les femmes la subissent, plus ou moins, avec l’âge. Elle est celle derrière qui les femmes s’effacent, s’inclinent. Non, parce qu’elle est belle, elle n’est plus belle, je ne sais pas ce que c’est mais je sais que c’est là, présent. Il y a la douleur, de ce premier amour perdu; c’est toujours ainsi un premier amour. Il faut le savoir ! Y être préparé. Elle convoque le sexe, la douleur et l’amour. Une partie des élèves de la classe avaient demandé à notre professeur de français, Mme EGROTTI, de présenter ce livre en œuvre complète à l’oral. Ce fût un refus total de sa part. Quelle déception ! Elle disait que nous nous rendions pas compte de ce que cela impliquait pour elle. Elle ne pouvait pas. Comment est-ce possible cela?
Encore aujourd’hui, l’éternelle question demeure Duras ou pas Duras ?
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