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Cette lumière là

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Mais au fond, à l’instar des aimants, tout cela ne fait que s’attirer. Je suis bien obligée de passer de l’ombre à la lumière. Il me faut sans cesse naviguer entre ces deux extrêmes. Ces contraires. Ces antagonistes. Est-ce un simple jeu d’attraction- répulsion ? Qui ne le fait pas ? Je n’avais jamais vraiment porté attention aux nuances de la lumière jusqu’au moment où il m’initia à celles-ci.  Que la lumière est belle. Transparente. Chaude. Cette lumière qui rend les ombres vivantes parce mouvantes. Elles en deviennent réelles. Au début on perçoit une lueur. Faible. Bien insuffisante pour voir. Il faut encore attendre un moment avant de pouvoir ouvrir les yeux. Puis son intensité s’intensifie, de plus en plus jusqu’à l’aveuglement. On comprend alors qu’elle va tout recouvrir mais pas complètement. Va naître ce clair-obscur[1]. Chacun d’entre nous conserve sa propre part d’ombre que nous nous empressons de cacher aux autres. Je n’ai jamais eu de jardin secret comme on dit. Non ! J’écris. Je mets en lumière mes maux à travers les mots qui s’écoulent. Comme il y a des heures pour contempler telle ou telle lumière. De l’aube au crépuscule.  Au fur et a mesure que le soleil trace sa route d’est en ouest. Il y a des instants pour se dévoiler à l’autre. Je veux dire donner à cet autre la lumière nécessaire et utile pour nous comprendre. La lumière apporte avec elle un regard neuf. Et pourtant, c’est aussi cette lumière qui fait peur.

 

 

[1] Les photographies de Jean-Jacques Marimbert sont un soleil noir. Elles portent l’œil triste à la lumière. Cette lucide clarté qui jaillit des tréfonds, flous et tumultueux d’un « arrière-monde »- sait éclairer les moments désespérés de l’âme. Plus noir que noir ; c’est l’instant saisi qui fait venir l’espoir. Les brumes qu’elles contiennent sont des instantanés, furtifs, parfois ludiques, aux embruns de tragico-comédie anthropologique, fictive. La fiction chez le photographe est un art du doute. Il s’agit de saisir l’instant, troublé, au genre esthétique qui n’est pas net. Dans la mesure où dans cette fiction, la narration des ombres n’a jamais été nette. Ses flashs – clairs-obscurs- troublent les sens. Le corps s’y trouve parfois amusé ou sérieux, fort et fantomatique. Le climat proprement Lynchéein est, avant tout le coup d’un mouvement musical, jazzifié. Ce qui n’est pas sans rappeler ce que disait le pianiste Garvin Bushell dans son ouvrage « Jazz from the Beginning » : le terme jazz viendrait de jass, l’apocope de jasmin et se rapporterait à cette fleur que l’industrie cosmétique française – bien implantée à La Nouvelle-Orléans – utilisait pour ses parfums. L’odeur est donc musicalité des perceptions – par synesthésie- elle est entrelacée au geste du photographe. Le corps parle toujours parce qu’il est intimement rythmé par des lieux où se déroulent les scènes en noir sur blanc. Photographier, c’est cristalliser la vitalité du corps. Le voyage imagé est un travail quotidien. Il appelle à la reconnaissance. Sinueux. Mystérieusement embrumé. Nuageux paysage. Il fait naître une écriture photographique consciente de l’inconscient.

Christophe Gerbaud

 

 

 

 

Isabelle Franc RTTR

Protégé par le droit d’auteur (voir les modalités).


 

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