Sans autre honte que celle que vous lui faîtes, sans autre choix que celui que vous avez la bonté de lui accorder, jusqu’au discernement final du mal inéluctable. Il s’agit d’une torture. Un supplice ! Au quotidien, c’est invivable. Intolérable. Aux yeux des autres, c’est invisible, incompréhensible par conséquent. Un mal irréversible. Ah ! J’ai été jeune d’antan ! Enfantine. Juvénile. Ceci dit, j’avais déjà ancrée en moi cette lucidité qui m’a causée bien des tourments par la suite. Je ne me mélangeais pas aux autres enfants de mon âge .Ils m’ennuyaient à dire vrai. Je ne trouvais aucun intérêt à partager leurs jeux. Rien de compliqué. J’étais déjà englué dans ce sérieux; ce questionnement. J’étais aussi dans l’incompréhension. Les autres ne comprenaient pas pourquoi je devais trouver des moyens d’évacuer ces tensions si fortes. Ces angoisses. Et je n’avais pas de mots à mettre pour qualifier ces faits. Ce sentiment ressemble fortement à l’amorce d’une révolte. La rébellion naquit ainsi en moi de manière diffuse, floue. Cette année nouvelle qui commence à s’égrainer jour après jour, me renvoie à ce même constat. Il y a ces instants, ces moments où il faut prendre conscience de ce que l’on était, de ce que l’on a fait, ou pas. De tous ces manques, ne rien faire. De ces omissions qui nous ont construits vis-à-vis d’autrui. De tous ces oublis. De toutes ces négligences. Ne pas faire trop de bruit. C’est un travail perpétuel pour atteindre cette sérénité. Emprunter ce chemin de traverse n’est certes pas sans embuches; reste l’espoir De la souffrance d’avant, originelle, pas celle à venir. Celle que la famille par l’intermédiaire de la mère, bien souvent, transmet aux générations futures. Moi, tous les hommes proches ont fini par trahir ma confiance.
isabelle franc rttr
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