Bourdieu, la télévision et les médias :
“La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population”
A chacun ses pratiques culturelles dirons-nous. Livres ou télévision ? Dans ma famille on ne lisait pas ou peu. Il y avait bien la collection des Pagnol qui traînaient sur une étagère, parce qu’il était de bon ton d’afficher fièrement ses origines méridionales dans ce milieu parisien des années 70. Il me semble que c’étaient les seuls bouquins. D’ailleurs, j’ignore ce que sont devenus ces volumes. On parlait un français dépouillé. Simple et sans fioriture. Je disais « godasse » et non chaussure. On allait une ou deux fois par an au cinéma, tous ensemble. Souvent le film choisi était une comédie. L’important était de rire. Il fallait bien se distraire avant tout. Les diners n’étaient pas vraiment un moment privilégié, ni un moment d’échange. Comme j’aurai aimé. Philosophiques ? Existentielles ? Politiques ? On ne se posait pas, non plus, ce genre de question. Je vois encore qu’on se contentait de vivre les uns à coté des autres, je crois. L’enfance oscille entre insouciance et inconscience. On se laisse porter par cette fausse douceur de vivre. Je ne sais pas de qui je tiens cette passion pour la lecture et l’écriture. J’aime m’entourer du silence et lire. Les mots sont emphatiques et soulagent toutes mes souffrances. Ils sont à l’intérieur de la souffrance éprouvée. Ils me cherchaient. En raison des paysages qu’ils laissent dans mon mental je sais qui je suis. Je voudrais tant pourvoir lui parler de tout ça. J’aimerais lui comme j’écris en ce moment, le plus naturellement possible. Lui lire ce que j’écris, pourquoi pas.
Aujourd’hui quand j’y pense je souris à cette petite fille. Pourquoi ce soir suis-je nostalgique de ce temps révolu ? Je viens de retrouver cet enfant en moi. Elle, si fragile. Si attendrissante. Si incomprise.
isabelle franc rttr
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