Elle me poussa dans mes derniers retranchements. Je la poussais dans les siens. À ce moment-là nous nous faisions face, et nous nous regardions droit dans les yeux. Les siens, d’habitude si doux, me fusillaient. Nous restâmes un long moment, ainsi, cernées par le silence. Évidemment, je perçus comme un infime agacement. Je vis alors ses doigts se crisper. Elle n’avait plus rien dit mais elle était devenu livide; elle n’avait plus à mon égard eu un seul geste de tendresse. Aucun mot d’affection non plus. Apparemment, toute marque d’empathie devait être proscrite. Et j’en arrivais à me demander si mon propre visage était lui aussi devenu aussi pâle que le sien. Je pris peur. Ce sont des choses qui arrivent dit-elle. Sauf que je sais d’avance qu’à ce petit jeu, d’abord personne n’est dupe, puis personne ne gagne. Nous nous trouvons. Nous nous perdons. Et puis… les sentiments ne font pas tout. Parfois même, ils s’avèrent bien insuffisants. Je l’appris à mes dépens.
Isabelle FRANC RTTR
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