Chacun peut maîtriser une douleur, excepté celui qui souffre.
Citation de William Shakespeare ; Beaucoup de bruit pour rien (1600)
C’est un jeu d’ombres et de lumière entre elle et moi.
Est-ce une chose curieuse ? Forcement, c’est une des composantes de ma vie. Fidèle, elle me chicane, me ricane et en même temps elle tente de m’accompagner. Elle me renverse si souvent. Me met la tête a l’envers sans cesse. Ma douleur, je la garde comme s’il s’agissait d’un trésor de guerre ; je la regarde enfouie au fond de moi, tapie au creux de mes tripes. Je la connais et l’accepte en tant que telle. Je la côtoie parfois. J’ose lui faire face. Je lui tiens tête chaque jour qui passe. Elle ne rend pas les armes, moi non plus.
Quand je suis née je n’étais pas une enfant désirée. Évidement, j’ai du grandir avec cette image là de moi. En sachant cela. On m’a appris à m’effacer devant les autres. On m’a appris également que tout ce que je disais n’avait en soi pas de valeur, ou si peu. Tout ce que je pouvais dire mentait. Je me souviens qu’aucune attention n’était portée à mes propos, et là, je ne parle même pas des idées. C’est bien simple, c’est comme s’il n’y en avait pas eu. Je fais partie de ce genre de femme qui a besoin de sublimer l’amour, j’ai besoin d’admirer celui que j’aime. Observant leurs attitudes, je me tiens toujours à l’écart des autres.
Je crois qu’il s’agit en fait de les regarder vivre, être, voir les mimiques, les sourires afin de mieux aller à soi. On attend toujours le moment ou elle va nous ouvrir ces bras, immenses tentacules, pour nous embrasser. J’aurais toujours autant de caractère et de charme…et délicate.
isabelle franc rttr
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credit photo : isabel cottet