Certes, la magie a cessé d’opérer et tout est redevenu ordinaire. Il faut peu de choses pour dresser le tableau de cette banalité. La mer a cessé d’être agitée, le vent est retombé. Les pas ont repris, au même rythme, plus légers peut-être. C’est une erreur que nous faisons. On dit qu’il ne faut jamais relire les choses du passé, qu’il vaut mieux ne rien remuer, cela afin d’éviter de se faire souffrir inutilement. Et pourtant, c’est un besoin qui réapparaît régulièrement, sourd, diffus, ça grandit, ça grandit. . Ça provoque dans le ventre des crampes, des palpitations au cœur.
Tout semble être dans la suffisance de la réponse. Paroles, paroles et paroles. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai cet air-là qui me poursuit sans cesse, il trotte dans ma tête depuis quelques jours. Ces mots ont cessé de me faire rêver comme avant, lorsque j’avais encore vingt ans. Ceux-là, certes mais pas les autres. Je veux dire pas forcement tous. Autrement, comment comprendre sinon que ces mots ont fini par avoir ma peau. Alors je me suis tu, j’ai préféré garder pour moi toutes ces idées qui affluaient. J’ai laissé le temps à la mémoire de faire son travail d’archivage.
Et le regard est arrivé, s’est posé, retourné puis révolté. Désormais tout notre échange se fera par ce biais-là. Je sais lire tant de choses dans son regard. Elle m’aimait de son regard. Bien étrange sentiment que celui de se sentir désaimé. Désinvesti de toute émotion. Qu’est-ce donc une relation sans passion ? Et je me moquais de tout. Du temps qu’il faisait, des courses à faire, du ménage du studio, seul m’obnubilait son visage.
isabelle franc rttr
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