Question ??

Ö  diable !

 J’ai encore trop parlé. Comme à chaque fois je me suis laissé emporter. C’est comme une vague qui me porte. C’est devenu mon habitude. J’ai dérivée. N’allez surtout pas croire que je le fasse exprès. C’est que pour moi, les mots ne se résument pas à de simples syllabes, ils incarnent l’essence même de l’être humain – homme, femme, adulte-enfant,  peu importe. Dès le plus jeune âge, c’est un apprentissage. Évidemment, on se construit notre propre langue, à la manière d’un puzzle, chacun ayant un nombre de pièces différend au départ. Les mots s’emboîtent ou pas. S’ils s’emboîtent, rien à dire, c’est parfait. Dans le cas contraire, il faudra composer avec.

Par la suite, tout au long de notre vie,  on enrichit notre vocabulaire de mots nouveaux, inconnus auparavant. Autant d’horizons neufs et vierges qu’il faut étrenner, maculer de nos empreintes. Je songe à ces mots si difficiles à prononcer parce que trop long. Je songe à ces enfants, dont j’ai fait partie, dyslexiques ou qui confondent des sons, et qui enchaînent, assidus, les séances d’orthophonie. Je parlais trop et trop vite, personne ne me comprenait.

Le questionnement est l’apprentissage de Soi, du Monde et d’Autrui. Il fait de nous le Sujet, le créant, le modelant, sans verbe, sans complément d’objet. Ainsi, c’’est une multitude de chemins possibles, imaginables, envisageables  qui nous sont ainsi offerts. L’exercice du questionnement nous est nécessaire pour vivre ensemble. La question ne ferme pas ; elle ouvre.

Toute question fait avancer parce qu’elle nous remet en cause, nous, nos certitudes, nos croyances. Elle déstabilise tout ce bloc de convictions, elle brise ces chaines invisibles qui nous enferment dans des schémas.

Oui, je crois qu’elle a cette capacité. Cette force involontaire.

Et si je n’avais pas tout à fait tort ?

 

isabelle franc rttr

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