Autrement
Je laissais les larmes s’échapper, tomber, et répandre sur ma joue leurs pâles écumes salées. Je pourrais les sécher mais cela pourrait être perçu comme un signe de faiblesse. Je déteste la lâcheté. Quelle médiocrité ! Pourquoi faudrait-il cacher notre douleur ? Est-il nécessaire de taire notre cri ? De toute façon les choses ne peuvent pas se cacher bien longtemps. Je n’ai pas honte de ma souffrance. La croix que je porte n’est certes pas légère, mais pas si lourde que ça. Depuis tant d’années je ne sens plus vraiment son poids. Je sais juste que j’éprouve ces sentiments, au plus profond de moi, alors je les exprime ainsi. Je laisse les larmes chuter, inonder ma bouche d’un goût doux amer. Leur tiédeur réchauffe jusqu’aux extrémités de mon corps. Certes des sillons se creusent, ils deviendront des rigoles puis des ridules ; je m’en moque. Sous les yeux, la couleur de la peau brunit. Il m’arrive parfois de traverser cette pluie incessante. Que peut-on lire dans ces larmes ? Des rêves, des échecs, des désirs mais aussi des jalousies, des envies… mon visage est défait par mes yeux mouillés. Est-ce mon corps ou mon âme qui est en souffrance, je ne parviens plus à distinguer ?
Un jour, je finirai bien par me sentir légère. Aussi libre qu’une plume volant au vent.
Quand ? Pour le moment je l’ignore.
Ce jour là, je regarderai le monde autrement.
isabelle franc rttr
texte protégé
Légère et reliée ce qui nous lie aux ailes qui ne peuvent embrasser et aux bras qui ne peuvent voler. Ce texte est à la fois triste et tres doux il nous accouché de ce qui ne peut pas se dire à personne. Merci Isabelle
merci mille fois de ce commentaire. J’en suis heureuse. Belle journée Nathalie.