M’évader de toi

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté. » P.Eluard

Entends-moi, je vais un bref instant m’arracher de ton cœur pour voir à quoi ressemble cet extérieur qui te fascine tant et qui parfois te fait tant peur, pourtant. Mille fois j’ai essayé, mille fois j’ai échoué. Je n’ai pas réussi à franchir la limite de ta peau. Ce cap de l’espérance je l’avais si souvent imaginé, cela faisait parti de mes rêves. Et voilà qu’aujourd’hui je me suis surprise à fredonner en boucle cet air, une vieille rengaine de mon enfance, c’est bête dis comme ça.

Tu es l’homme que j’aime, l’homme dont je m’évade, je fuis ton corps et ses caresses car je me sens si ordinaire, si banale, que j’ai besoin de chercher l’extraordinaire en dehors de toute norme… quand je serais arrivée au bout du chemin cesserais-je de souffrir ? Le crois-tu ? Je ne sais encore s’il s’agit là de mon chemin de croix  ou d’une impasse. Je veux sortir une bonne fois pour toute de ce sentiment de culpabilité à tout va, de cette logique doloriste. Faut-il obligatoirement souffrir pour être heureux ?

Grâce à toi je saurais désormais qu’il faut savoir attraper sa liberté et ne pas la laisser s’envoler, ni aux mains des autres. Surtout ne pas se la faire voler. Parce que c’est violent d’être prisonnier du fantasme de l’autre, faut pas croire que l’on aime être pris au piège des grands sentiments, c’est même dérangeant tout cet érotisme, ce lyrisme déversés de manière si impudique.

J’ai tellement conscience que c’est peut-être mon unique chance, cela ne se reproduira peut-être pas. En tout cas j’aurai essayé. Ce sera qu’un court interlude mais chaque minute vécue me révélera un peu plus à moi même.

isabelle franc rttr

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