Quel avenir pour le théâtre ?

À l’heure actuelle, il faut tout contrôler, nos pulsions, nos émotions, nos angoisses etc., le moindre de nos mots, et de nos gestes, et en plus gérer le stress que cette contrainte implique…cela signifie mettre sous surveillance l’ensemble de nos émois.  Etre sans cesse vigilant. Apprendre à laisser de côté nos affects. Nous nous auto-contraignons Nous nous encorsetons. Nous nous auto-flagellons. À chaque minute je veille à ne pas me laisser déborder par ces vibrations, la peste émotionnelle, comme ils disent dans certains cercles. Ils appellent cela comme ça par peur d’être infectés, infestés. Je me demande si c’est plus cela ou le refus de se laisser envahir par l’autre.

Est-il pour autant nécessaire de cacher ses larmes, de rire tout doucement, bref, de ricaner. Pour moi, le risque est de se retrouver comme anesthésié, anéantie, en totale incapacité de la moindre empathie envers autrui. Il n’est pas loin le temps ou on devra se forcer à sourire. N’est-ce pas déjà un peu le cas ? Voulez-vous que je vous dise, les relations vont finir par devenir étranges voire ridicules de conformisme. On suivra un protocole pré établi qu’il faudra respecter à la lettre. On feuillettera les émotions comme on parcourt un album de photographies. Voilà avec exactitude ce que je crains. Plus de rencontres fortuites, plus de complicité.

On ne parlera plus de la rose mais de ces nombreuses épines, ni plus des feux de l’amour mais de ceux des armes…ce sera la comédie, le règne d’une platitude existentielle. Que fera-t-on du théâtre, alors ?

Isabelle franc rttr

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