C’est bien à genoux que l’on demande pardon. On s’incline. On met un genoux à terre. On baisse le yeux vers le sol en signe de soumission. C’est cela qui est voulu, ce qui est attendu de n’importe quelle soumise. Alors, j’ai naturellement penché ma tête en avant. Mon buste incliné. Tout part de là, l’inclinaison, elle doit être légère mais profonde. La posture. Supplie. Séduis. Obéis. Qui a donné ces ordres là ? Ne serait-ce pas nous-même par servitude volontaire ? J’obéis, par pure complaisance, à ton âme. Je n’aurais pas pu donner ma soumission à un homme qui n’en voulait pas. Lui offrir une telle intimité n’aurait eu aucun sens, voyons. Et s’il m’étrangle, me tabasse, m’insulte, me crache dessus…on se sent si fort et maître de l’autre dans ces moments-là. La respiration se fait longue et les mouvements sont minutieusement coordonnés. Les conversations réduites au minima . On esquisse un vague sourire sans lequel rien de tout cela ne serait possible. J’avoue que c’est bien la dernière position dans laquelle j’imaginais me trouver. Prête à subir sans frémir, ni pleurer. Comment admettre que pour moi certains états d’âme m’étaient interdits. Seul avaient cours divers claquements qui résonnaient et brisaient le silence, fouet, talon…maintenant il tarde de vivre ces instants. Je sais ce choix faillible mais je ne me pose même pas la question de savoir ce que je suis devenue ; je l’ai toujours été. Comment peut-on se sentir puissante et soumise à la fois ? Étrange sensation. Non, je ne devrais pas penser ainsi. Je ne me force pas. Je sais même contre qui je fais cela. Je sais aussi que bien des gens ne peuvent comprendre, je sais cela.
isabelle franc rttr
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