Depuis ma plus tendre enfance, autant dire depuis toujours, j’ai une aversion pour les personnes qui ne pensent qu’à elles, comme si leur petite personne passait en priorité, avant tout le monde, et leur bien-être avant tout le reste. Elles agissent comme si tout leur était dû. Bref, c’est le monde qui tourne autour d’elle et de leur nombril et non l’inverse. Des égoïstes, peut-être ? Sûre et certaine, j’abhorre l’importance qu’elles se donnent à elles-mêmes, et aux yeux des autres. Les pires sont celles qui traînent des heures dans la salle de bain, celles qui ne peuvent s’empêcher de jeter un œil pour se regarder dès qu’elles aperçoivent un miroir. Ça, elles aiment s’admirer. Ô, elles savent le faire plus ou moins discrètement mais moi, à présent, j’ai l’œil aguerri. Une des situations qui m’a toujours fait le plus rire, c’est l’usage de la pince à épiler. Il faut voir les mimiques qu’elles font. Elles passent des heures à dessiner comme il faut les sourcils pour parfaire leur image. Dire que ces filles prennent soin d’elles est un euphémisme. Elles ne pensent qu’à une seule chose : leur image. Le moindre petit bouton est aussitôt caché. La plupart d’entre elles sont considérées comme de véritables expertes en camouflage, allant même jusqu’à avoir une chaîne YouTube. Ici et maintenant ce sont elles les stars. La beauté apparaît puis s’éloigne pour disparaître à jamais. Elle forme dans leur imagination un idéal. Cela ne m’a pas l’air d’un amusement mais plutôt une contrainte sous peine d’exclusion. La beauté ça veut dire aussi la soumission. Et elle répète ce rituel chaque matin depuis de années. Est-ce ainsi que l’on devient femme ?
Isabelle franc rttr
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