Eternel

0
0
240

Je suis ton éternelle petite fille, ta dernière, même si tu me refuses ce statut. Déjà petite c’était comme ça. J’ai dû grandir avec ça. A présent, je suis là, dans ce salon funéraire, comme ils disent, car cela n’a de salon que le nom vu qu’on y parle pas, on y murmure. C’est vrai, on aime employer des beaux termes creux aujourd’hui. On nous a appelé, il fallait qu’on vienne. Je n’avais pas forcement cette volonté mais pas le choix. Je suis là devant le corps froid de cet homme, mon père. Il faut dire que la nouvelle ne m’a guère étonnée. Pas franchement. Tu vivais en sursis depuis quelque années semble-t-il. Il faut le dire cela. Tu te retrouves à peine entourés.

Il y a ceux qui ne viennent pas, ceux qui ne disent rien, et puis ceux qui disent que je suis une mauvaise fille parce que je ne venais pas te voir. J’aurais du m’occuper de toi, parait-il. Cela doit avoir un sens puisqu’ils me font le reproche. Sauf que personne ne demande pourquoi. A part contempler ton visage blanc, livide, mais serein, que faire d’autre ? Te parler, toi qui ne nous a jamais écouté ? Je me dis que c’est mieux ai ni, de toute façon les mots n’auraient servis à rien. Mais tout cela a-t-il une quelconque réelle importance désormais ? J’accepte volontiers de croire tout ce que l’on me raconte même si cela ne change rien, ni ne résout rien.

Je me suis donnée un mal de chien pour t’aimer, te considérer autrement qu’un géniteur. Ö j’aurais voulu voir tes mains, détailler chacune d’entre elles, apercevoir ce qu’elles me racontaient d’antan. Elles sont devenues muettes, emportant avec elles les fantômes de ces corps qu’elles ont étreints. Mais voilà, ça en sera terminé de tout ça, de ce temps là, les erreurs, les absences, les regrets, reste à assumer. Ai-je mal quelque part ? Je suppose que l’attachement était là mais comment déterminer l’essence même de ce lien ?

 téléchargement (3)

Isabelle franc rttr

Protégé par le droit d’auteur (voir les modalités).

  • Genoux…

    Mon âme s’affole, je la sens aller dans tous le sens, s’éparpiller, vaciller, chanceler &#…
  • Infini…

    Suis-je capable de choisir ? Il faut apprendre à tourner chaque page, faire silence, se ta…
  • Chut…chut…

    Je commence à ne rien dire, chez moi, ce n’est jamais bon signe. C’est signe de lassitude,…
Charger d'autres articles liés
  • Genoux…

    Mon âme s’affole, je la sens aller dans tous le sens, s’éparpiller, vaciller, chanceler &#…
  • Infini…

    Suis-je capable de choisir ? Il faut apprendre à tourner chaque page, faire silence, se ta…
  • Chut…chut…

    Je commence à ne rien dire, chez moi, ce n’est jamais bon signe. C’est signe de lassitude,…
Charger d'autres écrits par handiparisperpignan
  • Genoux…

    Mon âme s’affole, je la sens aller dans tous le sens, s’éparpiller, vaciller, chanceler &#…
  • Infini…

    Suis-je capable de choisir ? Il faut apprendre à tourner chaque page, faire silence, se ta…
  • Chut…chut…

    Je commence à ne rien dire, chez moi, ce n’est jamais bon signe. C’est signe de lassitude,…
Charger d'autres écrits dans litterature

Laisser un commentaire

Consulter aussi

Craie blanche…

Les époques changent. Les saisons tournent. J’ose à peine le dire, mais depuis quelques te…