De mes dix ans je me souviens uniquement de mes rêves, c’est tout. Ces torrents que je voulais suivre sans savoir m’orienter, parce que je ne savais pas trop où aller. C’est comme si j’avais mis de coté tout le reste parce que cela représentait une charge trop lourde. A part cela, j’ai vu mourir mes illusions et naître mes désillusions. Je peux vous dire que ce n’est pas rien, c’est douloureux, abrasif, corrosif. Cette douleur vous change n’importe quel être humain, je crois. Je sais que chacun d’entre nous demeure seul face à ses désenchantements.. Et ce constat accablant je le re fais chaque jour. On peut tous voir, n’est-ce pas ? Il y a des gens qui s’en font et d’autres qui avancent sans scrupules. Ce sont ces frustrations qui m’accompagnent, m’isolent, c’est déjà tellement violent et brutal de survivre après ça. Cela vous puise toute l’énergie.
Cette rupture draconienne avec mes espérances n’a de cesse de creuser le fossé et m’a fait perdre ces éclats de rire enfantins de ma jeunesse. Quand je les repasse une à une dans ma mémoire, je m’aperçois que les unes après les autres sont tombées. Cette réalité va nous plonger dans un état permanent d’anxiété. Renoncer à des idéaux fait naître un sentiment d’angoisse incessante, peut-être au demeurant, injustifié, que nous allons traîner toute notre vie. Comment le voit-on ? C’est dans le regard de l’autre que l’on peut mesurer la distance prise par rapport à la souffrance, car ils en disent souvent plus long sur nos blessures que tous les mots que nous pourrions dire. Il est possible de rebondir sur ces pertes, certains en feront une œuvre, pour peu que nous soyons capables de mettre des couleurs, des images, des notes ou des mots sur ces drôles d’impressions.
Isabelle franc rttr
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