On ne fait que reproduire. Refaire, reproduire, l’absence, l’ignominie, la solitude, la violence…même le vide se reproduit…à nouveau. Avais-je envie de le savoir ? Pas plus besoin de connaître l’ensemble des détails de sa vie. Grand père – alcoolique, fit carrière comme ouvrier aux usines Citroën, si on peut parler de carrière, pourquoi n’était-il pas devenu un philosophe de renom, diplômé es lettres classiques, maître de conférences à la Sorbonne ? On peut se moquer des classes sociales, rire des inégalités, n’empêche c’est tout mon héritage – un passif que je porte.
Il aurait pu devenir dessinateur industriel parait-il, ils le lui avaient proposé mais comme tout le reste, obstiné, entêté, obtu, et têtu il a refusé, tout en bloc, le poste, la promotion, le logement décent, plus spacieux, autrement plus grand que les deux chambres de bonnes occupées.
J’ai une idée de la vie qu’il a menée comme bon lui semblait. J’en connais les manques, mais pas les souffrances qui furent les siennes. J’imagine qu’il devait être doué pour le dessin, avoir un don quelconque. Dire tant de talent gâché. Il n’y a aucune photographie de lui, personne n’a voulu garder quoi que ce soit. Personne ne savait quoi garder de lui quelle trace conserver de ce corps. Ensemble nous aurions dû marcher. Tu as vécu sans moi, j’ai fait ma vie sans toi, néanmoins, la petite fille attend toujours que tu la regardes, enfin, que tu la voies telle que. Pourquoi faut-il toujours que l’on s’en réfère à nos aïeules pour découvrir qui nous sommes ?
isabelle franc rttr
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