Un jour, sans que l’on sache vraiment ni comment, ni quand, ni pourquoi, les aiguilles du temps se mettent à tourner à l’envers. Je crois qu’elles se désespèrent. Affolées. Déboussolées. La machine semble avoir été déréglée. Ne se serait-elle pas déréglée toute seule? Le mouvement désynchronisé… Au nom de quoi ? On s’affole, on m’a changé de temps. J’ai perdu mes repères. Désormais il s’écoule à l’envers. Ce sont les rivières qui se creusent sur le front, c’est la silhouette qui s’alourdit, ce sont les embruns qui envahissent les souvenirs, c’est le froid qui n’en finit pas de ronger ces corps. On cherche à savoir ce qui se passe, à comprendre ce phénomène. Sont-elles prises de frénésie ? On demeure quelques instants interloqués, se demandant ce que l’on pouvait faire face à un tel désastre. Le temps vient à manquer alors qu’auparavant il s’étirait de tout son long. On se retrouve vite noyé sous les souvenirs des étés de nos vingt ans, submergé par leurs chaleurs, si pesantes, si écrasantes, si étouffantes, suffocantes. Il n’y avait personne capable d’arrêter cela.
isabelle franc rttr
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