C’est de loin la vision la plus immonde qu’il m’ait été donné de voir. Était-elle réelle ? Était-elle imaginaire ? Elle s’est imposée à mes yeux comme l’une de ces images plus qu’horripilantes. Le jeune homme se trouvait seul là assis sur le strapontin bleu du métropolitain en queue du tout dernier wagon. Son interminable corps longiligne se tenait avachi prêt à s’effondrer, proche de la rupture. Ses deux jambes outrageusement écartées apparaissaient comme deux tiges sorties de terre, fines, infinies, élancées. Voilà l’image qui trahit sa vulnérabilité, cet immense corps ne peut pas mentir tant il est mou, pliable, friable mais c’est ainsi qu’il est bâti avec cette érection vers les cieux. Je regardais cet adolescent dans le moindre détail et remarquais une chose, il triturait entre ses mains un iPhone dernier cri qu’il manipulait comme une mini radio dont il avait les écouteurs ingurgités par les oreilles. Dans chaque corps il y a une histoire héritée qui sera transmise, un vécu incompréssible, cela peut être plus ou moins douloureux. Il me semble que je percevais quelque chose de désarticulé. Tout autour de lui semblait disloqué, démonté…Lui demeurait là assis sans autre trgatd sur le monde, ni désir, ni espoir, ni déchéances… Pourquoi ai’-je envie de lui hurler dessus ? Je suis descendue avant lui ignorant son point de chute.
isabelle franc rttr
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