Mais il n’y a rien pour raccommoder deux versions radicalement opposées. Dans l’appartement, il avait à sa disposition sa pièce. C’était son endroit, celui ou il s’accordait cette liberté, laisser libre vent à son imaginaire, à lui, celui d’où il bâtissait les digues qui allaient lui servir de protection contre cette insoutenable lourdeur de l’être. Dans un coin, on lui avait donc installé un ordinateur, prêt à l’usage, opérationnel. C’est un essayiste, c’est à dire, il tente de jouir, de se distraire. Elle, l’amoureuse, a toujours été intriguée par le nombre phénoménal d’heures qu’il pouvait passer assis, sur une chaise pliante en bois, devant l’écran, face à des avatars, des visages, des mots, le tout demeurant confiné dans cet espace virtuel, parti à la recherche de cette humanité perdue… il aime se confronter, se hasarder à établir un lien avec ces quidams qu’il avait ajouté. Il l’allumait tôt, en fait, des qu’elle se levait, et, commençait à s’apprêter pour aller au travail. Lui, il courait après une certaine légèreté de la vie. Est-ce là l’ultime sensation de jouissance ? Elle aussi avait droit à son lieu : le canapé du salon sur lequel elle avait pris l’habitude de s’asseoir en tailleur. Elle restait postée là des soirées entières. Souvent elle conserve cette candeur de l »enfance, enfin, l’à venir nous dira ces choses qu’on ne maîtrise pas, s’il tient ses promesses.. Tout fil avec un jadis, sous lequel on ploie parce que trop lourd à porter, peut être rompu, il suffit d’un coup sec, aussi profond soit-il, ainsi soit-il. Primo, cela suppose d’avoir une certaine confiance en soi, secundo, de chasser toute culpabilité, la honte…On ne peut lui reprocher que de l’avoir aimé. C’est un crime ça ? Oui, si c’est sincère.
isabelle franc rttr
Protégé par le droit d’auteur (voir les modalités <http://www.culture.uv.fr/culture/info pratiques/droits/protection.ht