Nous entrons dans un huis-clos, cet espace barbelé, devenu, un instant, l’antre d’un corps que nous savons d’ors et déjà qu’il sera pénétré… la pénombre nous est non pas proposée mais imposée, à peine une seule et unique source de lumière qui nous permet d’entre apercevoir, au centre, une forme, grande, assise dans un fauteuil bleu… on ne dira jamais assez l’importance du jeu de la lumière, on imagine un éclairage à la bougie, il faut attendre quelques secondes, que les yeux s’habituent au clair obscure, cette semi obscurité qui cisèle comme personne le désir, pour que nous puissions enfin distinguer deux interminables gambettes, repliées, apposées sur l’accoudoir…Elle apparaît émouvante cette silhouette d’homme, émouvante et troublante… éprouvante, aussi, elle, qui garde les yeux fixés sur un ordinateur connecté, dont le halo de lumière éclaire si délicatement le visage, nous nous réfugions dans un silence, le même que celui imposé au lecteur, seul avec lui, tout est discret ici, l’ombre est là, faite pour nous réconforter, avant, nous mettre dans la même position, celle de l’attente et rien d’autre, elle obstrue nos pensées, nous vide instantanément de notre pudeur. Par là-même nous fait-il pencher pour autant du côté du voyeurisme ? C’est avec lui que j’ai appris à regarder non pas l’amour en face mais le rapport que chacun entretient avec ce qui survit au-delà du désir…comprendre qu’il s’agit d’une question de pouvoir, de lutte et de rapports de force, soumission ou pas. On s’attarde sur ce corps qui s’anime. J’observe, j’aperçois ceux qui s’allongent, ils posent leur tête sur les coussins mis à disposition, fement les yeux…tous ne faisons qu’imaginer ce corps en action ; comme ce regard que l’on jette en se retournant…
isabelle franc rttr
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