C’est insensé
J’ai longtemps idéalisé cette femme, sous prétexte qu’elle était ma mère. Ce seul lien lui attribuait toutes les qualités. Je la trouvais jolie, forte, courageuse. Pour que ce soit vrai, il fallait que ses mots, ses actes soient en accord avec l’image que je me faisais d’elle. Il n’était pas question que quiconque vienne lui faire du mal, puisse la blesser…elle avait déjà suffisamment souffert. J’imaginais qu’elle rencontrerait un homme qui la rendrait heureuse en se montrant attentionné à son égard. Il lui apporterait le bonheur, pas celui de tout le monde, celui là même, à son idée à elle, dont elle rêvait. Après tout à chacun le sien ; il n’existe pas de règle. A mes yeux d’enfant elle méritait tant de belles choses. Je lui avais construit toute une vie de voyages, de luxe, de paresse, de voluptés et de divertissements. Je voulais que quelqu’un la soulage de tout ce qu’elle avait enduré. Et j’ai toujours rêvé le meilleur pour elle. C’est simple je voulais qu’elle vive ! On a failli se rencontrer, cela aurait dû se faire, mais rien ne s’est produit en dehors des reproches et autres critiques. Nous sommes bien trop différentes, et ce n’est pas qu’une question de génération. Il y a de cela mais pas que cela. Aujourd’hui, le temps a fini par s’inverser. C’est elle qui se retrouve dans la situation d’avoir besoin d’être soutenue, Je ne crains pas de dire la dépendance, cette nouvelle déchéance du corps et de l’esprit.. Pourtant, j’attends encore d’elle ce qu’elle demeure incapable de me donner. Je sais que rien de ce que j’ai pu envisagé ne se fera mais cela m’aura permis de faire avec ce vide. Je l’ai sans doute bousculée. C’est insensé ce que la franchise peut bousculer.
sabelle franc rttr
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