Terrible absence…

 

Je commence par prendre conscience que toute absence est malhonnête. Son absence fut une violence extrême. C’est mon expérience, mon vécu, que je laisse se répandre. Mon père ne m’a jamais dit ‘je reviendrai’ en partant. Il ne m’a pas menti donc. J’imagine qu’il n’a rien osé dire. Je ne me souviens pas précisément l’âge qui était le mien au moment où ma mère a pris cette décision, que j’ai jugée, des années après, sage et préférable, bien qu’elle fût définitive et radicale, de demander le divorce. Elle a eu raison. Je me souviens de quelques scènes avant, de saynètes après mais rien au moment précis. Comme une insoutenable consolation, je traçais ses mots, ses sourires, j’imaginais la caresse de sa main sur ma joue fraîche, bref, j’incorporais son amour. J’ai toujours lutté pour ne pas lui déplaire, pari perdu. Chaque nuit se résumât en l’attente perpétuelle de son retour, chose impossible. Ce n’est pas du mépris qu’il avait envers nous, ses filles, c’est simplement un manque de recul, en fait, il ne s’interrogeait pas du tout. Ce n’est pas de sa faute, il n’est en rien responsable, mais il ne peut pas se mettre à notre place. Il ne se sentait pas père, il ne s’est jamais senti investi de cette fonction. Je me souviens avoir eu honte par rapport à mes camarades de classe d’être une enfant de parents divorcés à l’époque, c’était une situation rare. J’ai du assumer. Mettre les mots d’une autre langue m’est venu plus tard, une fois adulte, amante…je commence alors à me demander

 

isabelle franc rttr

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