Existe-t-il un visage du bonheur comme il y a un masque de la honte ? Le bonheur fait rêver parce qu’il est considéré comme un idéal sacré. C’est beau et effrayant à la fois, c’est pour cela que l’on n’a pas le droit ni de l’atteindre ni d’y toucher. Nous devons nous contenter de le poursuivre. On a beau se répéter comme un leitmotiv : « Lève-toi et marche ! » On a beau savoir qu’à chaque aube qui se lève il est préférable d’entamer la journée par une pensée positive voire prendre le temps de s’adonner à une séance de méditation même de quelques minutes. La souplesse d’esprit qui vise à avoir une influence sur ce qui va nous arriver requiert de toute façon une autodiscipline quotidienne digne d’un corps d’armée. Ce qui se produit ressemble à l’abordage d’un navire ennemi. Je prends cet air sublime, je lève les yeux au ciel, ce n’est pas exagéré de dire que je suis devenue un pantomime de la bonne humeur, de la joie, cet immense vide que je ressens apaise toutes les tensions. J’en suis venue à détester pleurer, douter, succomber, chuter. Lorsque je reviens à cet instant décisif où la chance m’a enfin sourit, je le saisis à pleine main, troublée, je l’observe, c’est donc ça…il est peu de sentiment aussi intense ; l’erreur serait de croire en son effet durable et constant, or il parait tout le contraire. Lui donner une quelconque forme, non, c’est d’ailleurs lui qui choisit la forme qu’il vous impose.
isabelle franc rttr
Protégé par le droit d’auteur (voir les modalités <http://www.culture.uv.fr/culture/info pratiques/droits/protection.ht