Je décidai, et non pas j’aurais aimé, que j’étais ainsi faite pour m’occuper des autres, lier ma vie à la leur, leur donner de l’amour, les sortir de leur médiocrité, leur montrer le chemin, faire en sorte que chacun soit heureux parce que tout être a besoin de se sentir aimé et reconnu pour exister, vivre où respirer. La considération n’est pas l’ombre de l’amour mais son antichambre. Comme une conséquence directe je m’évertue à colmater les brèches émotionnelles, combler ces failles avant qu’elles ne deviennent des ouvertures béantes que même le temps n’arrivera pas à cicatriser. Est-ce que j’en ai encore l’envie, la force, le courage ? Est-ce seulement une impression que j’ai où est-ce vraiment la tendance de cet hiver 2018, je croise de plus en plus de gens, de solitaires, des paumés. Sont-ils malheureux pour autant ? Pourquoi n’ai-je pas classé les sentiments dans les tiroirs comme ces draps blancs pliés en quatre, empilés les uns sur les autres comme des vieux souvenirs. Les sentiments rendent faibles ceux qui s’y soumettent, je n’ai aucun doute quand à leur inutilité. N’est-ce pas une drôle d’idée que de penser ainsi ? Le secret, puisqu’il faut bien un secret pour vivre ici bas, le plus sereinement possible, loin des agitations, de l’exagération et l’exubérance de ce monde est d’admettre le silence comme langage, pas le mutisme, le silence. Son intensité est capitale.
isabelle franc rttr
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