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Ce qui fut

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Ce fut au hasard d’un coup de fil. Ce soir quand je lui ai demandé comment elle allait, j’ai senti qu’elle était à bout de souffle, fatiguée, au bord de l’épuisement, même si elle avait l’élégance de ne pas s’en plaindre. J’ai entraperçu une fragilité nouvelle, chose à laquelle je n’étais pas habituée la concernant.  J’ai entendu sa voix trahir une lassitude que je ne lui avais jamais connue auparavant. J’écoute ses réponses évasives. Il est venu en moi l’envie de te serrer très fort dans mes bras, de cette même manière, comme j’imagine tu devais le faire avec moi lorsque je n’étais encore qu’une enfant. J’ai compris qu’il s’agissait du début de quelque chose, de profondément douloureux, et que personne n’est en mesure de nommer, autant que de s’en emparer pour en faire quelque chose.

Au début on se trouve désemparé, désabusé, désenchanté face à une réalité qui nous échappe. Tu n’arrives plus à avoir l’envie de continuer. Dans tes intonations j’ai compris que toute envie de battre avait déserté ton corps, ta chair, ton esprit. Quelque chose d’extérieur avait anéanti ta volonté. Moi, j’ai toujours dans les yeux cette question qui m’intoxique – pourquoi ne m’as-tu jamais désirée ? Je ne parle pas en l’espèce uniquement du moment de la naissance, non, mais du fait que tu n’aies jamais rien rêvé pour moi ni carrière, ni conte de fée; c’est pour cela que j’ai sans cesse cherché tes bras. Je n’ai jamais accroché ton regard, subjugué ton attention.

Je t’en ai voulu de tout ce que tu étais incapable de me donner. Parce que ta fragilité fait remonter tout ce mal par à coups. Parce que j’aurais tant voulu que tu puisses comprendre comme il est important d’être choisi par la mère sinon il n’y a que l’errance qui nous guette ad vitam. J’aurai voulu modifier ce jugement négatif à mon égard c’est à dire le rendre avenant. Au centre de ce vide il m’a fallu trouver en moi suffisamment de ressources pour t’aimer, suffisamment d’empathie pour ne pas t’en vouloir, ni te haïr, suffisamment de courage pour te le dire. Il faut que tu saches que jamais je n’enlèverai ma main de la tienne, je n’ôterai pas  Je ne sais pas encore si c’est parce que tu m’as trahi, toi, la première, que tous les hommes m’ont trahis par la suite. Tu m’as jeté dans la vie comme une bouteille à la mer et non comme un cerf-volant que l’on guide à l’aide de la ficelle qui elle demeure attachée au poignet.

Il existe un amour non aveugle mais choisi en toute conscience. Celui-là n’a nul besoin de fioriture. Il est. Tout comme il y a des restes de toi en moi que rien ne pourra gommer. On n’efface pas l’océan…j’ignore ce qu’on en fait.

 femme

 isabelle franc rttr

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