Une journée ordinaire, quoi. Il est vrai que depuis ce matin, debout aux aurores, à six heures trente tapante, j’ai été débordée, tout n’a fait que s’enchaîner, sans le moindre intermède de souffle, sans avoir une minute de répit. Sûre et certaine que l’ennui n’était pas au rendez-vous. Les gestes se sont par conséquent enchaînés à un rythme soutenu sans vraiment prendre le temps d’une quelconque réflexion. Vous savez ça a parfois du bon la paresse…tout semble si rassurant dans cet ordre, après tout. Il faut tenir, on ne peut pas craquer, c’est l’interdit qui pèse sur nos vies entières et entrave les volants de nos robes et de toutes nos pensées. J’aurais aimé avoir le loisir de divaguer, de dériver quelques secondes, le temps de saisir l’opportunité de croquer la pomme. Jusqu’à quel point faut-il admirer cette capacité à tout absorber car il est impossible de tout accepter sans condition, on a tous, les uns et les autres, nos propres limites. Voilà que ce réel s’avère exister. Jamais je ne me laisse aller, jamais je ne lâche prise…l’action, toujours l’action, le mouvement, le syncopé, Il faut ne pas connaitre la peur d’être dépassé. L’ensemble de ces gestes à peine perceptibles, commis par erreur, comme autant de méfaits dont nous sommes les faussaires ; il nous faut suivre le rythme de ce monde, imposé, il ne nous reste jamais suffisamment de temps pour vivre. Alors entrevoir une nouvelle manière de vivre, autre, essayer d’autres façons, sauf que pour cela je dois d’abord abandonner tous ces mobiles, comme ces prétextes, fuir ce but primordial de posséder, de l’avoir à tout prix, plus, mieux…vivre la vie à nu.
Une journée ordinaire, quoi.
Isabelle franc rttr
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