Sagesse d’aînée…Jusque là il n’y avait pas encore eu de nouvelle génération au sein de notre famille. Pas d’étonnement de ma part. Tu avais eu la ferme intention de me l’annoncer lors de ce déjeuner entre frangines, ce fut tête à tête joyeux, et tu me l’as dit entre l’entrée et le plat. L’annonce fut incisive, brève. Je me souviens, tu m’as regardé droit dans les yeux et tu as dit : « je vais un faire un bébé avec un homme qui aime les hommes. » A ton air assuré j’ai compris que le projet avait été mûri, tout avait été si bien réfléchi, le désir bien avancé, que la certitude n’avait fat que s’accroître et monter en puissance. Cette décision qui va à l’encontre de tout, parce qu’elle chamboule tout l’ordre établi, celle qui se prend et se vit au quotidien avec les tripes. Je t’ai admiré pour ton choix de ton rêve, tu avais pris position face à l’hostilité de ce macrocosme humain. Je ne serai pas celle qui te fera le moindre reproche. J’ai toujours pensé que la maternité t’irait comme un gant, que tu avais plus que moi ce don de soi, ce dévouement, cette disponibilité, cette place en toi pour accueillir un tel trésor. Je sais aussi que cela battait partout en toi, ton corps était devenu une caisse de résonance. Ca faisait boum boum boum ! Sûre, sereine et certaine de toi, tu réclamais des battements à l’’unisson, deux souffles, deux voix. Tu allais porter dans ton ventre un nouveau monde. J’aime me susurrer que ce sera un bout de toi, un bout d’éclat, rires, joies, peines ou quoi encore ? Un rêve fait ensemble, se réveiller un matin, toi mère, moi tante. Tu souris à la vie désormais. Abandonner un chemin pour prendre une route sans fin.
ISABELLE FRANC RTTR
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