Des sotises

L’angoisse ne cesse pas, elle persiste. Elle s’agrandit, s’étire, s’allonge. Lorsque je la sens monter en moi, m’envahir, moi et ma sérénité, elle m’apparaît comme un serpent rampant qui grimpe tout le long. Il est difficile de la contrecarrer. Je n’arrive pas à franchir le pas vers cet abandon-là. La soularde…elle cuve son vin dans son coin, au petit matin, sans rien ne dire à personne. On la croise. On pourrait l’entendre gémir, insulter les gens du fond de sa soulerie. Mais ne dit-elle que des sottises, des choses sans queue ni tête ? Peut-être ne faut-elle pas preuve d’une grande volonté à vos yeux, mais plutôt d’inconstance, d’insouciance etc…que sais-je encore. N’importe comment vivre en faisant preuve d’une telle lucidité si insolente n’a rien à voir avec le fait de vivre mais survivre. La soularde emporte avec elle la mauvaise conscience de ce monde. Et c’est pourquoi chacune de ses dérives, chacune de ses divagations est une noble vérité qui surgit de très bas. J’imagine comme cela doit être dérangeant pour vous d’entendre des propos aussi abrupts, et,  devoir faire face à l’étouffement de cette humanité telle que vous l’aviez conçue avec un mépris et un dégout de la différence. J’en mesure la profondeur à l’intensité de vos rires. Croyez-moi elle n’est pas qu’imaginaire mais sa réalité s’enfonce la soularde ne se perd jamais de vue. Et au milieu de cette errance sans gloriole ou elle se cloitre, elle se déteste.

ISABELLE FRANC RTTR

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