Je sais que je n’ai plus ma place dans la voie que tu as choisi de suivre. Je n’ai jamais prétendue être une autre que celle que j’étais alors, ce dimanche lors du début de notre romance, ni celle que je suis devenue aujourd’hui. Je n’ai pas menti. Je n’ai jamais prétendue ne plus t’aimer. Je n’ai jamais prétendue t’abandonner, ni te lâcher la main. J’ai tout à réapprendre comme le nouveau-né que je suis devenu après ta désertion. J’ai appris que la différence allait de pair avec une relative mise à distance. Ce reflet que nous renvoyons leur est intolérable. Une forme d’exclusion sociale. Elle nous enferme dans une certaine solitude que l’on traîne avec soi Je voudrais entamer chaque matin par un don d’amour, sans cela on ne sait rien. Chacun de tes mots me récitait une berceuse, me plongeait dans une illusion, me faisaient croire en une douceur d’une rareté inouïe. J’ai cultivé l’art de la croyance pensant t’affranchir de ces turbulences qui n’avaient rien à voir avec toi, de ce monde de rapports de forces. Il ne te reste que ces fils tendus au dessus du vide. J’ ai prétendu que tout pouvait être surmonté parce c’était cela que je voulais croire et défendre aux yeux du monde.
ISABELLE FRANC RTTR
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