Il y a tellement…
Il y a tellement de façons différentes de dévorer l’innocence de n’importe quel enfant. Cela n’en finit pas de me tuer, aussi. Moi la première. Ce crime fait, pour moi, partie des choses qui ne s’expirent jamais. On ne peut pas expirer la haine parce qu’elle nous ronge à l’intérieur. C’est fini. Le choix n’existe plus. Cela est arrivé un matin, il ne me semble pas qu’il se soit aperçu de cette chose qui avait néanmoins eu lieu. Dans mon souvenir cette reconnaissance n’a pas de réalité. Il faut que je l’aime. Où ? Quand ? Comment, je ne sais pas. Cela se passera. D’accord, je l’ai forcé à être celui qui efface la laideur de ces saisons enfantines. C’est ainsi que peuvent s’envoler les âmes, quand on les laisse aller au contact du monde, quand on les entoure de beaucoup d‘attention, quand on ne les retient pas clouées au sol…Je lui fais cette douce promesse. Désormais, je ne vais plus contempler les cieux obscurcis de ces années révolues, mais, au contraire, me focaliser sur le ciel bleu par ses yeux. Mon cœur va lui vouer une éternelle reconnaissance. J’ai le sentiment de devoir commettre avec lui toutes les maladresses inimaginables…Je dois encore tout comprendre de ses sourires, de ses silences, je plaque ses mains contre les miennes ; histoire de s’élancer, ensemble. …Tout doucement, je dois lui murmurer qu’un homme peut avoir des larmes à verser, aussi. Je tremble à l‘idée de le décevoir. Bien entendu, tout ceci ne rime à rien, tout ceci n’a de sens que pour moi. In fine, que reste-t-il de tout ce que l’on donne ?
ISABELLE FRANC RTTR Protégé par le droit d’auteur (voir les modalités <http://www.culture.uv.fr/cultupratiques/droits/protection.ht // -tous droits réservés-Copyright ©- 2020
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