J’avais les mains remplies de l’attente qui n’avait pas de bout. Et puis je t’ai aperçu, fuyant, te précipitant pour t’éloigner à grand pas, évitant tout rapprochement, comme toujours. Eludant chaque questions embarrassante dans la béatitude d’un simple sourire, plus où moins niais. Je ne vois aucune élégance dans l’esquive. On assume. On affronte. Et moi, plantée là, terrassée par l’immobilisme, contrainte à la pliure de l’inaction, je ne cessais de te regarder avec tendresse. J’ai rêvé que j’attrapais ta main, geste que j’ai voulu faire tellement de fois sans jamais oser, tant l’angoisse me freinait, et que j’avais enfin réussi à la tenir quelques minutes. J’ai rêvé que je me lançais dans une interminable déclaration mais, toi, tu nourrissais cet espoir contraire, que j’allais bientôt me lasser et abandonner le combat. J’ai entrevue ma peur d’être ridicule même si j’ignore encore tout des brisures qui te poussent à agir ainsi, je suis capable de reconnaitre cette gène qui t’assaille. J’aurai pu inventer les mots, j’aurai dû savoir les chercher afin qu’ils tracent à jamais ce pont entre toi et moi. J’avance d’un pas feutré.
ISABELLE FRANC RTTR Protégé par le droit d’auteur (voir les modalités <http://www.culture.uv.fr/cultupratiques/droits/protection.ht // -tous droits réservés-Copyright ©- 2020