Aux aurores, moi, j’arrivais des jardins de mon père. Je me souviens que je portais cette robe d’été jaune-ocre à fines bretelles, que le volant se soulevait au gré du vent…plus ou moins haut, laissant entrevoir ma chair. J’étais consciente de quitter une attitude bien particulière, toute singulière, propre à lui. Lui ne parlait pas, il était mal à l’aise pour éduquer des enfants. Il ne disposait pas de l’attirail des mots. Alors, moi, je serai celle qui parle, qui dit, qui raconte, qui transmet sans limite. Alors, oui, je sais, je ne serai pas aimée, on dira de moi qu’elle parle trop, beaucoup trop…c’est cela que penseront ces âmes encagées. Je serai celle qui laisse ses cheveux mentir sur l’âge, qui reste traversée par ses tempêtes intérieures…et, qui scande l’hymne de sa fragilité, qui laisse échapper l’enfer. Depuis bien longtemps j’ai une idée de ce qui m’attend, là-bas, dans le monde des grands pas ou je marche là, à tâtons. Je suis allée chercher la liberté ailleurs, ce que l’on perd, des détails, des grillages et interdits, des regards trop petits et des regrets. Même si je tente minutieusement d’éclipser ce grand rêve d’aventure, rien ne pourra me sauver de toi. Il me faut plus d’humanité…
ISABELLE FRANC RTTR
Prenez soin de vous
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