Si je veux me montrer tout à fait honnête envers moi-même, je dois reconnaitre qu’il y a peu d’hommes auxquels je reste profondément attachés, parce qu’ils m’ont procuré des instants de pur bonheur. Et rares sont celleux, ils sont deux, guère plus, deux astres solaires, avec eux, je n’ai nul besoin de renvoyer de moi l’image idéale. Je vois leurs visages, leurs traits, leurs odeurs, je les connais par cœur. Il y a en moi cette idée-là, de n’être faite pour aucun. Sauf que, venir se placer derrière quelqu’un c’est prendre la place, être là, contempler, veiller, prévenir… c’est dire à l’autre le souhait de se rapprocher, alors, n’importe quelle femme haute en amour, lorsqu’elle arrive quelque part déclenche la fête. J’ai saisi leur main avec l’espérance des heures nacrées à venir, c’est d’ailleurs là que j’ai pu conquérir une certaine liberté. Nombre de fois où tu étais assis en face de moi, à parler de mérite, de fierté, à tenter de camoufler la rosée que je voyais. Ça me manque les boum-boum dans le cœur, les picotements, les papillons dans le ventre… Ce que ces deux hommes-là m’ont appris, à recevoir la lumière, à ôter cette culpabilité de mes entrailles, à faire grandir ma flamboyance, à chérir cette inclinaison de mon corps. Il y a dans leurs choix de la bienveillance, des blessures cachées qu’ils ne divulguent qu’au compte-goutte, une pudeur invincible, des tremblements, des hésitations, des retenues. Il y a tout ce grand capharnaüm qui émane d’eux. Je ne suis pas à l’aise d’être empêchée. Nous deux, nous avions l’excuse des yeux baissés.
Alma isabelle franc rttr
Et prenez soin de vous…Texte protégé
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