Laisse-moi revenir vers toi, fils de l’Éternel. Je sais d’avance que je ne me résoudrais pas à faire le deuil de notre langue silencieuse, celle élaborée au fil des pages que nous avons écrites toi et moi. Tu es un homme du passage. Fuir le vrai, l’évidence ? J’ai déchiré mon cœur de toutes mes forces, de toute mon âme, de toute ma foi. Retrouve la mémoire de ce qui a été. Ce que fut notre désert. Demande-moi pourquoi j’ai tant veillé sur des nuits, ailleurs qu’auprès de toi, alors que là, exactement, j’aurais dû être. Explique-moi ce que je n’ai pas encore compris de toi, enfin, raconte-moi comment l’orgueil a-t-il pu dépasser les bornes. Que tu veuilles effacer ce qui a été inscrit dans les livres, soit, mais que tu puisses trahir ainsi tes paroles me projette dans une folle disparition. Pourtant rien de tel n’avait été annoncé…En quoi l’illusion était-elle mystique ? La fin de la fin s’achève. J’ai cru devoir sanctifier ton corps pétri de délicatesse, de tendresse et de sensualité ; les mots de ta bouche, eux, expriment parfois l’amertume. J’ai, certes, vacillé, ondoyé…Tu n’as jamais dit mais je sais que nous ne pouvons faire de promesses, de serments, ni de quête absolues, puisque tout cela est interdit par la musique du monde qui nous entoure. Elle est le danger qui dévoile l’intimité, qui juge et trahit toute confiance. Il y a là-haut, la hauteur, dont nous ne sommes que des fragments, minuscules, brisables, reliés les uns aux autres.
Alma isabelle franc rttr
Et prenez soin de vous…Texte protégé
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