La personne que je contemple, proche d’un lien exacerbé, et que j’admire, est la seule dont l’avis m’importe et compte. Tout le monde se souvient d’avoir ressenti, un jour, cet état exhaustif et sobre, de quasi sidération, d’abandon d’amour propre, de soi, d’anhélation de toute distance qui nous place en situation de contrainte. On tombe et retombe dans ce symptôme. On aime ce sentiment nourricier qui nait mystérieusement entre deux langues, amour et désir. Je ne cherche plus à comprendre ce qu’il y a d’incompréhensible en l’autre, à aiguiser, à affuter pour rendre plus beau cette mélancolie effrayée, apeurée, auquel on appartient. Je n’enveloppe plus de tolérance l’insoutenable légèreté de l’être. Je ne m’applique plus à me battre afin de reconnaître la figure obéissante du vivant. Comment être capable de cesser de rêver ? On vit toujours avec le souffle coupé. Il arrive un âge où on se rend compte que l’on n’a jamais ressenti aucun sentiment d’égoïsme, ni de jalousie. Il y a dans la contemplation quelque chose qui ne s’achève pas. Ce sont des allers retours. Que l’on a traversé la vie sans saccager celle de l’autre.
Alma isabelle franc rttr
Et prenez soin de vous…Texte protégé
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